Fév 06, 2021 Articles publiés

La nature contextuelle du Noble Coran


Résumé de l’article : Partons de l’observation suivante, ce livre qu’est le Noble Coran est censé être une révélation de la part de Dieu, mais à notre grande surprise, certains versets coraniques semblent nous mettre dans l’embarras. Pour remédier à cette situation épineuse, il est nécessaire de soumettre nos présupposés sur le Noble Coran, érigés au rang de croyances immuables, à une évaluation. L’adoption d’une attitude critique neutre vis-à-vis de nos présupposés sur le Noble Coran nous permettra de nous rendre compte qu’en réalité ce livre constitue un guide vers un chemin plus cohérent, comparé à celui auquel nous avons été habitués.


Source : Islam and God-Centricity: Reassessing the Fundamental Theological Assumptions by Shaykh Arif Abdul Hussain


Introduction

À partir de ce paragraphe, nous poursuivons notre démarche critique en nous attaquant à un autre présupposé théologique, c’est-à-dire celui qui concerne la parole divine sous la forme de révélations et son support physique qu’est le Noble Coran. De nos jours, les gens ont tendance à recourir au livre divin pour justifier toutes formes d’idées et d’opinions. En effet, quiconque peut justifier son idéologie ou ses préférences grâce aux versets coraniques. Par exemple, les actes barbares de Daesh s’appuient sur une certaine compréhension du Noble Coran défendue par ceux qui adhèrent à ce mouvement, ou bien tout système politique, peu importe lequel, qui revendique sa nature islamique, pourra en tirer une légitimité suffisante, qu’il soit chi’ite ou sunnite. Parfois, l’usage du Noble Coran est entièrement destiné à légitimer nos passions, nos perspectives ou nos pensées.

Partons de l’observation suivante : ce livre qu’est le Noble Coran est censé être une révélation de la part de Dieu, mais à notre grande surprise, certains versets coraniques semblent nous mettre dans l’embarras. Citons par exemple, le cas du verset qui autorise l’époux à frapper ses épouses (4:34), ou encore celui sur la part d’héritage accordée aux femmes (4:11), même pour celles qui travaillent et qui participent à parts égales aux dépenses du foyer. Ce que nous constatons, c’est que ces versets et bien d’autres suscitent de grands débats.

Pour remédier à cette situation épineuse, il est nécessaire de soumettre nos présupposés sur le Noble Coran, érigés au rang de croyances immuables, à une évaluation. L’adoption d’une attitude critique neutre vis-à-vis de nos présupposés sur le Noble Coran nous permettra de nous rendre compte qu’en réalité ce livre constitue un guide vers un chemin plus cohérent, comparé à celui auquel nous avons été habitués.

1. Formulation du problème de notre croyance en l’éternité du Noble Coran

1.1. Un présupposé naïf élevé au rang de croyance immuable

Dans le Noble Coran, Dieu dit : « C’est Lui qui vous façonne dans le sein de vos mères, comme Il le veut. » (3:6). Ce verset semble être explicite sur le fait que Dieu nous a créés et si nous nous référions à cette tradition prophétique qui affirme que ‘Dieu a créé l’être humain à son image’, nous comprendrions que cette image divine dont il est question renvoie à quelque chose de plus essentielle, qui est sa nature parfaite, car Dieu ne possède pas une forme semblable à la nôtre. Notre condition humaine (‘nature’) et notre présence sur terre ont tous deux une finalité intrinsèque qui consiste à atteindre la perfection de notre humanité : évoluer, progresser et parvenir au point culminant de notre potentiel humain.

Cela nous conduit à poser quelques questions essentielles. Comment serait-il possible que la parole divine puisse être en contradiction avec la nature humaine profonde, cette même nature qui est à la source de notre création et qui reflète la nature divine ? Comment Dieu pourrait-Il nous attribuer le vicariat sur terre (2:30), en accord avec cette nature, et dire des choses à travers les révélations qui soient en contradiction avec notre mission ? Nous sommes au cœur même du problème qui concerne nos présupposés sur le Noble Coran.

Certes, personne ne doute que le Noble Coran est un livre révélé et que les révélations font office de paroles divines, toutefois nous entretenons tous un présupposé que nous pouvons qualifier de naïf : il consiste à croire que le Noble Coran est éternel, c’est-à-dire que son contenu a été destiné (a une portée éternelle) pour toutes les époques et ce jusqu’au jour de jugement (qiyāmā). Nous croyons aussi que toutes les connaissances y sont présentes – n’est-ce pas là ce que notre théologie nous apprend ? En effet, nous pouvons citer le verset suivant : « […] Nulle feuille ne tombe sans qu’il le sache. Il n’y a pas un grain dans les ténèbres de la terre, ni rien de vert ou de desséché qui ne soit mentionné dans le Livre explicite. » (6:59).

Les Musulmans ont tendance à croire que tout ce qui y est inscrit est à comprendre selon une perspective littérale, c’est-à-dire au sens près du texte. Mais, y est-il fait mention du ‘kangourou’ ? Pourtant, nous croyons tous que le livre divin contient toutes choses et pour appuyer cette affirmation nous pouvons citer le verset précédent (6:59). Or, nulle part dans le Noble Coran nous trouverons une référence faite au ‘kangourou’. Essayons de reformuler le présupposé naïf auquel nous avons affaire : le Noble Coran est éternel dans sa forme littérale, toutes les connaissances y sont présentes et le contenu littéral porte une valeur normée ou déterminée.

1.2. Des versets contraires à l’éthos humaniste contemporain

Pour être honnête, quinze siècles après les révélations, nous pouvons constater de nous-mêmes que certains versets coraniques ne portent plus la valeur qu’ils avaient à l’époque, et au contraire, il ne serait pas faux de remarquer qu’ils sont devenus obsolètes par rapport aux droits de l’Homme. Prenons pour exemples l’esclavage qui n’a plus sa place dans ce monde contemporain, le fait d’autoriser l’époux à frapper ses épouses, etc.

Le précédent présupposé naïf qui a été mis en évidence offre comme implication que ces versets seraient en quelque sorte valides pour chaque époque à venir et pour chaque endroit de la planète. La question à poser dans ce cas est celle de savoir comment nous pourrions surmonter ce problème de versets contradictoires avec les principes moraux contemporains.

Bien souvent, la communauté musulmane accepte des choses sans soulever de questions ni cherche-t-elle à les évaluer. Tout le monde voudrait croire que le Noble Coran est éternel et que toutes les connaissances y sont inscrites, mais personne n’ose remettre en question ces mêmes présupposés élevés au rang de croyances immuables. La seconde difficulté est que les gens lisent le Noble Coran car il existe une ardeur liée à sa récitation, mais personne n’essaye de le lire pour comprendre son contenu. N’est-ce pas ironique ?

Le Noble Coran dit les choses suivantes à son sujet : « Oui, ce Coran conduit dans une voie très droite. […] » (17:9) et « […] Il est une direction pour ceux qui craignent Dieu. […] » (2:2). Des traditions prophétiques soutiennent qu’il faut revenir au livre divin chaque fois que nous faisons face à une ambiguïté ou chaque fois que tout commence à nous paraître plus obscur que l’obscurité de la nuit car le Noble Coran est un guide pour nous et qu’il peut faire la lumière sur le chemin que nous devons emprunter. Combien de fois avons-nous eu recours au Noble Coran pour y trouver directement une guidance, alors que selon une tradition le saint-Prophète aurait demandé aux Musulmans de ‘comparer sa parole aux versets coraniques et s’il y apparaît une contradiction, de la rejeter’ ?

Il y a un verset du Noble Coran qui dit : « Ne méditent-ils pas sur le Coran ? Si celui-ci venait d’un autre que Dieu, ils y trouveraient de nombreuses contradictions. » (4:82). Est-ce que quelqu’un a déjà essayé d’étudier sérieusement le Noble Coran afin de vérifier s’il y avait des contradictions dans son contenu ? Une personne qui se prêterait à ce jeu ne serait que mieux guider par les révélations car le Noble Coran dit : « Ne vont-ils pas méditer le Coran ? Ou bien les cœurs de certains d’entre eux sont-ils verrouillés. » (47:24).

D’autre part, jamais personne ne s’est plaint à Dieu en lui demandant pourquoi existait-il une incohérence entre certains versets coraniques et l’ethos humaniste. En effet, est-ce que quelqu’un a essayé de comprendre pourquoi en Islām le témoignage de deux femmes était équivalent au témoignage d’un seul homme (2:282) ? Est-ce que ce déséquilibre nous semble être acceptable à notre époque, alors que nos femmes poursuivent de grandes études à Oxford et à Cambridge ? Pouvons-nous comparer les femmes contemporaines aux femmes du peuple arabe de l’époque prophétique, elles qui avaient l’habitude d’oublier ? Aujourd’hui, les femmes sont capables de retenir toutes les informations de manière très précise. Il ne fait aucun doute qu’il existe une incohérence quelque part et elle est surtout liée à notre croyance qu’il est interdit de remettre en question la parole divine. En conséquence, il est nécessaire de dénouer le nœud du problème.

2. L’importance de comprendre les subtilités linguistiques

 2.1. Islām et islām : quelle différence ?

Commençons par introduire une thématique cruciale pour toute notre discussion. Dieu mentionne le terme islām et ses dérivés dans le Noble Coran, et ce terme est également utilisé dans le contexte de la vie d’Abraham (2:130-132). Se pourrait-il que les dérivés du terme islām employés dans ce passage réfèrent au même concept de ‘islām’ que celui utilisé pour caractériser la religion que nous suivons aujourd’hui sous sa manifestation formelle et organisée ? L’Islām apporté par le saint-Prophète, la religion formelle, ne peut pas être celui d’Abraham, du moins dans sa forme.

Dans le Noble Coran, Dieu demande aux Juifs et aux Chrétiens la raison pour laquelle ils considèrent Abraham comme étant un juif ou un chrétien, alors que le judaïsme et le christianisme sont apparus après lui. En effet, Abraham est décédé bien avant l’apparition de ces courants religieux formels. Notre Islām, c’est-à-dire cette religion formelle, est apparue bien après Abraham, par conséquent il n’était pas un musulman semblable à nous. Jésus-fils de Marie, Jacob et ses enfants étaient tous des Musulmans, mais quel genre de ‘musulmans’ étaient-ils ?

En analysant certains versets coraniques et comme l’atteste ʿAllāmā Ṭabāṭabāʿī dans son commentaire Al-Mīzān fī Tafsīr al-Qur’ān, la voie (dīn) qui est auprès de Dieu s’appelle islām, un terme qui fait référence à la soumission. C’est dans ce sens du terme dīn qu’Abraham était un muslim, c’est-à-dire un musulman, et non dans le sens de l’Islām en tant que religion formelle apporté par Muḥammad. Moïse était muslim, Jacob était muslim et Muḥammad était muslim. Ce que cela implique c’est que quand Dieu dit dans le Noble Coran : « La Religion, aux yeux de Dieu, est vraiment la Soumission. […] » (3:19), cette religion fait référence à un style de vie qui soit organisé autour des valeurs divines et de la théocentricité, ainsi cette voie de Dieu s’appelle islām ; l’essence de cette voie (dīn) est la soumission, sans les aspects formalistes.

2.2. Qur’ān et al-Kitāb : quelle différence ?

Il existe une différence entre ‘Qur’ān’ en tant que parole ou texte révélé et ‘Le Livre’ mentionné dans le Noble Coran sous l’appellation al-Kitāb que nous retrouvons aussi dans le verset « dhālika l-kitābu – Voici Le Livre ! […] » (2:2).

Ce verset apparaît dans la sourate al-baqarā (2 – LA VACHE) révélé à Médine et c’est la première sourate de son genre à parler de législation, de règles sociales, du contrat social et des activités ritualistiques. Une référence est faite à un ‘Livre’, mais est-ce qu’il s’agit du ‘Qur’ān’ ? Dieu dit dans la sourate al-wāqiʿā (56 – L’ÉVÉNEMENT) : « Voici, en vérité, un noble Coran, contenu dans un Livre caché. Ceux qui sont purs peuvent seuls le toucher. » (56:77-79).

Dans d’autres versets, Dieu dit qu’Il a donné à Jésus-fils de Marie un ‘Livre’ (19:30), qu’Il a donné à Moïse un ‘Livre’ (28:43), qu’Il a donné à Muḥammad un ‘Livre’ (39:2, 62:2). De quel ‘Livre’ s’agit-il ?  En analysant minutieusement les différents versets qui parle du ‘Livre’, nous en arrivons à la conclusion que le ‘Livre’ fait référence à une réalité qui englobe toutes les autres réalités, et que ce ‘Livre’ a pris au cours du temps la forme de la Torah, de l’Injīl et du Noble Coran. C’est ainsi que nous devons comprendre le sens des différentes révélations faites aux prophètes qui sont apparus dans ce monde.

3. Ce qui reste éternel dans le Noble Coran

Une fois que nous avons compris cette distinction entre ‘Qur’ān’ et ‘Le Livre’, la question de l’éternité devient claire.  La réalisation phénoménale du Noble Coran n’est éternelle que dans son essence (dans ce qui le relie au ‘Livre’), mais dans sa formulation il dépend du contexte de sa révélation. Qu’il s’agisse de la Torah, de l’Injīl ou du Zabūr, ils partagent tous la même vérité essentielle. En effet, aucun texte révélé ne dira que le mensonge est une bonne chose, et aucun texte ne prétendra que tuer une personne est acceptable.

Dieu dit dans la sourate al-mā’idā (5 – LA TABLE SERVIE) : « Voilà pourquoi nous avons prescrit aux fils d’Israël : ‘Celui qui a tué un homme qui lui-même n’a pas tué, ou qui n’a pas commis de violence sur la terre, est considéré comme s’il avait tué tous les hommes ; et celui qui sauve un seul homme est considéré comme s’il avait sauvé tous les hommes. […] » (5:32). Cette prescription était destinée aux israélites dans un premier temps, mais elle s’adresse aussi à tout le monde afin que nous apprenions quelque chose de ces révélations. Tous les livres révélés disent, en essence, la même chose : sur les aspects moraux de la vie, sur la droiture, sur la préservation de la vie, sur l’équité dans la transaction, etc.

Considérons le récit suivant : un jour, un médinois eut vent de l’existence d’un sorcier à La Mecque et les gens l’ont dissuadé d’aller l’écouter car il ensorcelait avec ses paroles. Alors qu’il se trouvait à La Mecque, la sourate al-isrā’ (17 – LE VOYAGE NOCTURNE) [1] fut révélée au saint-Prophète. Il a rapporté son expérience de cette façon : « Je m’étais rendu à La Mecque et j’ai vu Muḥammad en train de discuter avec un groupe de gens. Il était en train de réciter les paroles suivantes : ‘Ne tuez pas vos enfants par crainte de la pauvreté. Nous leur accorderons leur subsistance avec la vôtre – Donnez une juste mesure, quand vous mesurez – Tenez vos engagements – Il a prescrit la bonté à l’égard de vos père et mère.’ Pardieu ! Cet homme ne faisait que parler de valeurs humaines et mettait en garde contre les maux de la société qui avaient fini par mener la communauté vers sa perdition. »

Ces mêmes versets, nous pourrons les retrouver dans la Torah ou dans l’Injīl, ainsi que dans la tradition morale de l’humanité tout entière. La même essence se trouvait dans les enseignements de Moïse et de Jésus-fils de Marie. Tout ce qui était différent entre les révélations faites aux prophètes n’avait en réalité qu’un caractère secondaire, mais l’essence, elle, elle est composée des valeurs morales, de la théocentricité, de la spiritualité et de ce sentiment profond d’avoir un but dans cette vie.

Le christianisme parle de valeurs divines, c’est-à-dire comment animer notre âme en cultivant les qualités divines. Le judaïsme, dans son approche mystique, parle aussi de la même chose. L’objectif ultime pour toute l’humanité est de pouvoir prendre conscience de cette divine présence et d’agir à travers Dieu : devenir aussi charitable que Lui, devenir aussi aimant que Lui, donner comme Lui, pardonner comme Lui, être capable de préférer autrui que soi-même, se débarrasser des frustrations intérieures, ne rien craindre, se sentir protégé, se sentir libéré et confiant – en bref, chercher à atteindre la perfection intérieure. Toutes les écritures religieuses nous apprennent les mêmes enseignements aussi bien moraux que spirituels car elles sont une manifestation du même ‘Livre’.

Nous croyons que chaque sharīʿā successive est venue remplacer la précédente, ainsi la sharīʿā de Jésus-fils de Marie apporta les modifications nécessaires à celle de Moïse. La mission de Jésus-fils de Marie a été selon ses propres dires : « Me voici confirmant ce qui existait avant moi de la Torah et déclarant licite pour vous une partie de ce qui vous a été interdit. […] » (3 :50), en d’autres termes il n’était pas venu abroger la valeur négative du mensonge ou la valeur négative de toute forme d’hostilité envers Dieu. A-t-il été envoyé pour abroger ces valeurs ? Jésus-fils de Marie n’a pas prétendu que sa mission était d’abroger ce que Moïse avait diffusé comme enseignements moraux auprès des Juifs, ce dernier disait que préserver la vie était une bonne chose, être charitable était une bonne chose, être théocentrique était une bonne chose. Qu’a Jésus-fils de Marie bien pu changer dans ce cas ?

Le saint-Prophète au cours de sa mission a-t-il changé l’essence de la moralité et de la spiritualité apportée par Abraham, par Moïse ou par Jésus-fils de Marie ? Aurait-il dit quelque chose contredisant l’essence du message divin depuis Adam ? Par exemple, quand Caïn a tué Abel, Dieu a dit que cet acte était abominable, mais Muḥammad a-t-il dit le contraire ? Est-ce que les prophètes apparus après Adam ont déclaré que le crime de Caïn était légitime ? Ces questions que nous avons posées doivent nous permettre de comprendre que ce que Dieu appelle le ‘Livre’ est la source principale des caractéristiques éternelles qui accompagnent chaque révélation, et que le ‘Livre’ se manifeste à chaque époque sous différents formats.

Maintenant, il est important de comprendre ce que représentent ces différences entre les différentes révélations divines. En réalité, elles sont des manières de formulations différentes du message divin en fonction du niveau d’évolution atteint par chaque communauté ou par l’humanité.

À l’époque de Moïse, les israélites venaient à peine d’être libérés de leur condition de captivité, ainsi en fonction du contexte limité dans lequel ils évoluaient, l’essence et les normes morales de la société furent formulées sous la forme d’actes illicites et d’actes licites. Au temps de Jésus-fils de Marie, ces normes ont acquis un plus grand degré de sophistication dans leurs formulations, que nous pouvons appeler le contexte général de cette formulation. Dans le cas du saint-Prophète, le contexte avait été élargi à la communauté humaine ou à l’humanité dans son ensemble, qui incluait aussi les interactions entre les différentes religions. Le saint-Prophète avait observé que des personnes dotées d’une profonde connexion avec Dieu et des personnes impies existaient dans toutes les religions et qu’elles vivaient toutes ensemble, interagissant les unes avec les autres. En conséquence, la révélation de Muḥammad fut formulée d’une façon différente, alors que l’essence était préservée.

L’objectif de cette révélation était de sensibiliser les gens à l’acquisition du savoir, au raffinement moral et à éveiller la spiritualité qui sommeillait en eux, des éléments constitutifs de l’essence du livre appelé ‘Qur’ān’. Les aspects essentiels de ce livre divin sont éternels, tandis que ce qui n’est pas éternel ce sont les formulations de cette même essence.

Quelqu’un pourrait soulever la question suivante : pourquoi Jésus-fils de Marie a apporté une sharīʿā différente de celle de Moïse ? La réponse la plus simple est que la communauté monothéiste avait évolué, et le saint-Prophète apporta une nouvelle sharīʿā, car la communauté monothéiste avait encore évolué. À présent, la question est de savoir si aujourd’hui, après quinze siècles, la communauté monothéiste a évolué ou pas. Cinq siècles après Jésus-fils de Marie, Muḥammad apporta une nouvelle sharīʿā, certes cette transformation n’avait pas affecté l’essence de la religion (dīn) ni la moralité ou la spiritualité, mais seulement en termes de formulation des lois (‘la forme’). Pouvons-nous affirmer qu’après quinze siècles rien n’a changé dans ce monde ? Ce qui est remis en question dans notre argumentation, c’est cette notion de lois éternelles (la formulation) qui sont la manifestation des vérités éternelles (‘l’essence’). Nous ne cherchons pas à remettre en question le Noble Coran, mais plutôt à interroger les interprétations naïves défendues par les Musulmans. Il n’y a rien qui doit choquer le lecteur, c’est même une remise en question évidente dont tout le monde devrait prendre conscience.

4. Contexte de révélation et abrogation de certaines révélations

 4.1. L’importance du contexte socio-historique

En lisant le Noble Coran, notre attitude doit être celle d’essayer de comprendre cette révélation dans son propre contexte. Ce contexte était une situation socio-politique dans laquelle le saint-Prophète évoluait et faisait face aux défis quotidiens et c’est pourquoi le Noble Coran a été révélé dans la langue arabe, c’est-à-dire la langue qui était parlée dans ce contexte.

L’environnement immédiat du saint-Prophète constitue le contexte dans lequel le Noble Coran fut révélé, et son contenu fut formulé en tenant compte de ‘ce‘ contexte précis. Certains prétendent que tout le contenu du Noble Coran est éternel, mais que faire dans ce cas des versets qui ont été abrogés ? Par exemple, le verset suivant ordonne de faire précéder d’une aumône toute visite avec le saint-Prophète, lequel fut abrogé après que l’Imām ʿAlī b. Abī Ṭālib l’ait appliqué : « Ô vous qui croyez ! Lorsque vous avez un entretien privé avec le Prophète, faites-le précéder d’une aumône ; c’est préférable pour vous, et plus pur. […] » (58:12)

Le Noble Coran est éternel dans son essence et temporel ou contextuel dans sa formulation, aussi pour ce qui est de la formulation, le contexte joue un rôle central. En effet, prenons l’exemple du fils adoptif du saint-Prophète, Zayd. À notre époque, le nom de Zayd n’a aucune valeur car il n’y a rien d’éternel au sujet de ce nom, mais ce nom a été mentionné dans le Noble Coran pour répondre à une situation contextuelle bien précise. Ce qui reste éternel c’est plutôt la signification que ce verset (33:37) souhaite véhiculer en prenant l’exemple de Zayd, tandis que ‘Zayd’ réfère à une personne qui porte ce nom – comment pourrait-il être éternel ?

En analysant le Noble Coran de cette manière, nous pourrons défendre avec certitude son caractère universel car l’universalité repose dans son message essentiel et non dans ses formulations contextuelles. Toute lecture du Noble Coran doit en conséquence tenir compte du contexte de révélation.

4.2. ‘Le Livre’ éternel et les restrictions contextuelles

Le ‘Livre’ caché s’est manifesté sous la forme de différentes révélations divines tout au long de l’histoire humaine et cela en accord avec les contextes humains spécifiques à chaque révélation. Il a été révélé en tant que Torah, il a été révélé en tant que Injīl et il a été révélé en tant que Qur’ān. Le même ‘Livre’ est apparu à chaque fois, mais remodeler sous différentes formes.

La religion (dīn), elle-même, est éternelle auprès de Dieu, mais elle s’exprime sous différentes formes ou appellations : judaïsme, christianisme, zoroastrisme, Islām, etc. Les mêmes vérités sont révélées encore et encore, ainsi la vérité divine reste unique. Dès lors, le ‘Livre’ et le dīn ont été formulés de différentes façons. Prenons l’exemple des mathématiques qui sont enseignées dans les écoles élémentaires et dans les classes supérieures, l’essence de cette matière reste la même, tandis que le contenu change en fonction du niveau des élèves.

Les cultures humaines préexistaient aux révélations et le saint-Prophète apporta l’Islām à une époque particulière et dans une zone géographique particulière laquelle avait sa propre culture (arabe) et ses propres pratiques (arabes). L’Islām qui y fut introduit ne s’est pas débarrassé des cultures locales, la religion a plutôt été adaptée à celles-ci. Certes, certaines traditions inhumaines furent mises de côté, d’autres ont été modifiées et d’autres réformées. Autrement dit, le contexte de révélation doit être compris avec précision car le saint-Prophète a mené ses réformes dans les limites de son propre contexte.

Cependant, étant donné le contexte dans lequel il évoluait et ses limites, il n’a pas pu mener jusqu’au bout toutes ses réformes. Par exemple, il avait initié tout un discours sur les droits des êtres humains et sur les droits de la femme, mais il ne pouvait pas aller plus loin car les questions liées à la notion de ‘droits’ sont évolutives et dépendent des contextes humains. Puisque l’humanité évolue constamment et s’agrandit, les contextes socio-culturels changent aussi et la notion de ‘droits’ avec. N’ayant pas la possibilité de résoudre définitivement la question des droits des êtres humains, il a simplement présenté des ébauches dans le cadre restrictif de son contexte. En conséquence, le Noble Coran doit être étudié en ayant en tête ces restrictions contextuelles [2].

4.3. Abrogation de certains versets coraniques

Bien souvent les gens semblent être surpris par la simple mention de la notion d’abrogation coranique, pourtant cette idée existe et fait partie de notre collection de croyances. En effet, nous croyons que les versets révélés au saint-Prophète ont abrogé ceux révélés antérieurement. Dieu en fait mention de ce processus dans le Noble Coran : « Dès que nous abrogeons un verset ou dès que nous le faisons oublier, nous le remplaçons par un autre, meilleur ou semblable. […] » (2:106) ou encore l’exemple suivant d’un verset coranique qui abroge une règle implicite : « La cohabitation avec vos femmes vous est permise durant la nuit qui suit le jeûne. […] Dieu savait que vous vous lésiez vous-mêmes ; Il est revenu vers vous ; Il vous a pardonné. Cohabitez maintenant avec vos femmes. Recherchez ce que Dieu vous a prescrit. […] » (2:187).

Ce second verset (2:187) a été révélé car auparavant la règle qui était de mise pour le mois de Ramadan était qu’un homme devait s’abstenir d’avoir des relations intimes avec ses épouses pendant tout un mois. Toutefois, puisque Dieu savait que les gens transgressaient cette règle et qu’ils entretenaient des relations intimes avec leurs épouses durant le mois de jeûne, Il a abrogé la précédente pratique d’abstention et a autorisé les relations intimes après le jeûne.

Dans ce cas, la question qui se pose est de savoir comment l’abrogation a-t-elle pu avoir lieu, alors que les lois sont prétendues être éternelles ? Pourquoi les lois coraniques abrogent-elles d’autres lois ? Pourquoi le Noble Coran contient des versets abrogeants ? Notre présupposé était celui de croire que chaque verset coranique ne pouvait être qu’éternel, pourtant il existe des versets abrogés et des versets abrogeants – quelle signification donner à tout cela ?

Cela signifie tout simplement que les versets abrogés ont été annulés et qu’ils n’étaient plus actifs, et si ces versets sont inactifs comment peuvent-ils être éternels ? Ce qui reste éternel dans le Noble Coran, c’est seulement son sens ésotérique : l’essence est éternelle, mais la formulation que prend cette essence, c’est-à-dire la forme ne l’est pas. En résumé, le Noble Coran n’est éternel que dans son essence et non dans sa forme, laquelle est contextuelle.

4.4. L’obsession des lois chez les Musulmans

Nous avons une obsession pour les lois coraniques, alors qu’elles ne représentent qu’une toute petite partie, c’est-à-dire environ cinq cents versets sur les quelques six mille du Noble Coran. Par exemple, pourquoi la part d’héritage de la femme devrait être encore aujourd’hui équivalente à la moitié de celle d’un homme, alors que dans nos sociétés la femme gagne sa vie, participe aux dépenses du foyer, etc. tout comme l’homme ?

Le contexte social de la révélation était celui où les femmes prenaient soin du foyer, tandis que l’homme s’occupait de la subsistance. Tout ce que la femme pouvait hériter à cette époque était considéré comme ses propres économies, car à l’homme revenait la tâche d’apporter son soutien financier. Aujourd’hui, dans cette partie du globe, c’est-à-dire en Occident, la femme n’a plus besoin de ce soutien financier, elle perçoit un salaire et s’occupe aussi du foyer. Qu’elle n’obtienne que la moitié de la part d’héritage dans le contexte de nos pays développés n’a vraiment aucun sens. La question que nous soulevons sur l’héritage de la femme est tout à fait légitime, et cela ne contrevient pas à s’opposer à une croyance sacrée du Noble Coran, puisque nous avions affirmé [3] que rien n’était sacré mis à part la recherche de la vérité. Cette recherche de la vérité est sacrée et rien d’autre, d’ailleurs Dieu nous encourage à cette quête de la vérité.

5. Être capable d’une auto-critique dépassionnée

 5.1. Trois études de cas pour illustrer le problème

5.1.1. Cas numéro – 1

Considérons la situation de la English Defense League. Au moment où des soldats britanniques revenaient de l’Afghanistan, un groupe de Musulmans les ont raillés, accusés de meurtres et de viols, en conséquence la population britannique était horrifiée de voir une réaction aussi virulente [4].

La réaction des non-Musulmans ne s’est pas fait attendre, ils ont condamné l’Islām dans son ensemble. Ces gens voyaient le retour des soldats selon la perspective suivante : des soldats qui étaient les enfants du pays étaient partis libérés l’Afghanistan du cercle de terreur initié par les talibans, ainsi ils avaient fait une faveur aux Musulmans. Aujourd’hui, voilà qu’ils retournent blessés pour certains, d’autres tués, les Musulmans les condamnent à l’Enfer. Leur réaction n’est-elle pas justifiée et compréhensible ? Pourtant, quand les Musulmans affirment que les soldats n’avaient aucun droit de se rendre en Afghanistan, qu’ils ont tués des frères musulmans, qu’ils les ont condamnés pour cela et ont réagi violemment contre eux, nous disons que cette perspective est aussi compréhensible.

Si seulement les deux groupes avaient pu dépasser les perspectives adoptées par chacun et avaient pu analyser la situation d’une manière holistique, ils comprendraient qu’ils ont aussi bien raison que tort : chacun possède quelques vérités et quelques faussetés. Ce qu’ils auraient dû faire c’est adopter une position neutre et se mettre à la place de l’autre pour être en mesure d’apprécier chacun leur perspective. La conséquence de cette animosité fut que la English Defense League commença à pointer du doigt le Noble Coran et à traiter ce livre de barbare.

Dans quelle mesure ce livre est-il barbare ? Est-il barbare quand il incite à la théocentricité ? Non. Est-il barbare quand il parle de valeurs morales et humaines ? Non. Dans ce cas, de quelle manière le livre divin est-il barbare ? Leurs critiques concernaient avant tout les formes violentes de peines capitales ou encore les droits de la femme, etc. et dans ce sens, il y a certes de la primitivité. Supposons que nous n’étions pas des Musulmans, comment aurions-nous réagi à toute cette situation ?

5.1.2. Cas numéro – 2

Prenons l’exemple des cérémonies hindoues [5]. [Ici, l’auteur raconte l’une de ses expériences vécues à Bombay, en Inde] Dans un temple, tous les matins, des gens accomplissaient des rites religieux. L’auteur, adressant des louanges à Dieu, souhaita qu’ils soient bénis pour leur sincérité et pour la vérité qu’ils ont dans leurs cœurs, et qu’ils soient guidés vers une plus grande vérité. Les gens se rassemblaient très tôt et pratiquaient toutes sortes de cérémonies dans un brouhaha indiscipliné, si bien qu’il n’arrivait pas à dormir. Il décida de jeter un coup d’œil à l’extérieur depuis sa chambre d’hôtel et aperçut une scène admirable. La même chose se répéta le deuxième jour, le troisième jour et le quatrième jour.

Au septième jour, il fut exaspéré et se dit à lui-même : « N’avez-vous rien d’important à faire dans votre vie ? En raison de ce bruit incessant, des personnes n’arrivent pas à dormir. Adorez votre dieu une fois si vous le voulez, pourquoi avez-vous besoin de le vénérer pendant sept jours en faisant un tapage infernal ? »

À ce moment-là, il comprit que chaque année toutes ces personnes se réunissaient ainsi autour de ces pratiques dévotionnelles très bruyantes. Après qu’il soit retourné au même endroit quelques mois plus tard, il constata que les dévots s’adonnaient aux mêmes cérémonies rituelles dans un bruit infernal. Comme il n’était pas hindou, il eut l’impression que ces gens perdaient leur temps, et en vérité c’était une perte de temps. Ce qui est important de souligner ici, c’est que s’il n’avait pas été un Musulman, il aurait pu émettre des jugements sur les pratiques des Musulmans en les considérant comme contre-productives, chose dont les Musulmans eux-mêmes n’auraient pas pu prendre conscience. Par analogie, c’est ce qu’il avait fait à l’encontre des pratiques hindoues en considérant qu’ils perdaient leur temps. Ces gens n’étaient pas conscients que verser du lait sur une pierre était du gaspillage et l’auteur a pu le voir, car il n’avait aucune attache émotionnelle avec ces cérémonies, mais eux ne le voyaient pas, car leurs émotions étaient impliquées.

5.1.3. Cas numéro – 3

Par exemple, le mois de muḥarram ne signifie pas suspendre sa vie normale pendant deux mois successifs. Où est-il écrit qu’il est illicite de se marier, d’acheter, de vendre ou de réaliser des transactions ? Ici, nous parlons de la tradition culturelle du sous-continent indien, car les Arabes et les Perses n’ont pas cette culture. Nous, dans le sous-continent indien, nous ne pouvons ni acheter, ni vendre, ni porter des vêtements normaux – tout est noir, les gens se frappent la poitrine, ils chantent des eulogies, il y a des étendards verts ou noirs, etc. Où est-il écrit que nous devons être absorbés par toutes ces pratiques pendant deux mois consécutifs ? Quelqu’un de l’extérieur dirait qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Le combat de Ḥusayn b. ʿAlī, ce grand homme, était censé créer en nous un déclic, celui du progrès intellectuel, du raffinement moral et de la recherche de la proximité divine. Nous devons réfléchir très sérieusement à toutes ces choses, car elles sont importantes.

La question que nous devons nous poser est bel et bien celle-ci : nos émotions sont-elles impliquées dans notre rapport à l’Islām et dans nos présupposés théologiques pour ne pas être en mesure de voir la vérité en face ? Peut-être que nous avons besoin de personnes extérieures à notre religion pour nous dire ce qui leur semble problématique.

5.2. L’hypocrisie de certains prêcheurs musulmans

Nous avions déjà fait remarquer cette attitude de certains prêcheurs musulmans qui sont catégoriques pour affirmer que les lois coraniques sujettes à controverse n’ont pas de place en Islām et qu’elles sont en réalité à interpréter contextuellement – ils ne font que travestir la vérité.

Nous pouvons demander à n’importe lequel d’entre eux s’il croit que les versets coraniques sur l’esclavage ont une portée éternelle ou pas ? Il répondra que ces versets sont présents dans le Noble Coran. Mais pourquoi dans ce cas, ne daigne-t-il pas le reconnaître clairement et d’admettre qu’il adhère à une chose qui est incohérente ? Ou bien il devrait plutôt reconnaître qu’il n’a pas compris le Noble Coran, car rien ne peut être ordonné qui soit contraire à la morale humaine. Au lieu d’être hypocrite, il devrait accepter qu’il est ignorant – il croit en une chose et en affirme une autre. En réalité, l’esclavage était une nécessité contextuelle de cette époque, c’est-à-dire de l’Arabie du septième siècle, tandis que le Noble Coran a initié une tendance pour l’émancipation des esclaves.

5.3. Lire le Noble Coran pour des mérites spirituels (çawāb) ?

Un autre tort qui est fait à l’encontre du Noble Coran est cette idée qui nous a été inculquée selon laquelle seule la lecture en langue arabe procure des mérites spirituels (çawāb) ou bien une lecture pendant le mois de Ramadan, alors que nous ne comprenons rien de cette langue. Comment quelqu’un pourrait-il en tirer un quelconque avantage de cette lecture, s’il ne comprenait pas ce qu’il lisait ou que sa base de connaissances ne s’élargissait pas après la lecture ? Comment quelqu’un pourrait-il bénéficier d’une quelconque récompense, au sens vrai du terme, si sa morale n’avait pas évolué ou si sa spiritualité n’était pas fondée sur de bases solides.

Qu’est-ce que le çawāb ? Une sucette que Dieu nous offrira le jour de jugement (qiyāmā) pour récompenser le gentil petit garçon que nous avions été durant notre existence ? Sérieusement, est-ce ainsi que nous percevons les mérites spirituels ? Dieu déclare dans le Noble Coran que cette récompense nous l’avons gagné par nous-mêmes et ce feu nous l’avons allumé de nous-mêmes (2:24).

En étudiant comme il faut le Noble Coran, nous comprendrions que nous sommes notre propre Paradis et notre propre Enfer, c’est-à-dire que nous en sommes les auteurs de ces deux conditions. Ce feu nous en sommes l’origine et cette récompense nous en sommes l’origine. En effet, tout ce que nous deviendrons de l’intérieur au cours de notre vie se manifestera à l’extérieur le jour de jugement. Nous pouvons appeler ‘récompense’ toute condition qui nous permet d’avancer sur le chemin du progrès grâce au Noble Coran et appeler ‘péché’ toute condition de régression.

6. La libération intérieure et extérieure

Le contenu du Noble Coran est théologique, historique, cosmologique et métaphysique. Il y a des arguments de types philosophiques, du mysticisme, de l’ésotérisme, du social et de la politique. Il y a des histoires sur les prophètes qui contiennent des enseignements moraux et des valeurs humaines. En ce sens, le Noble Coran est éternel, car il contient des vérités essentielles du ‘Livre’ de l’existence.

En considérant ces aspects coraniques, si nous étions amenés à relire le Noble Coran, alors pardieu, il serait un guide incorruptible capable d’illuminer nos cœurs. Son contenu ne serait plus restrictif, régressif ou contre-productif, mais contribuerait à notre évolution et à notre progrès. Au lieu d’ouvrir le livre divin au mois de Ramadan pour obtenir des récompenses spirituelles (çawāb), une personne devrait le lire pour s’aligner avec les objectifs que le Noble Coran se donne lui-même, c’est-à-dire donner accès au savoir, apporter le raffinement moral et établir une connexion profonde avec Dieu.

Quelle personne après avoir lu le verset suivant n’affermirait-elle pas sa confiance en Dieu ?  « Je suis proche en vérité. Quand mes serviteurs t’interrogent à mon sujet ; je réponds à l’appel de celui qui m’invoque, quand il m’invoque. […] » (2:186)

Quelle personne après avoir lu le verset suivant ne prendrait-elle pas davantage confiance dans sa spiritualité ? « Dis : ‘Ô mes serviteurs ! Vous qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérer pas de la miséricorde de Dieu. Dieu pardonne tous les péchés. […] » (39:53)

Quelle personne après avoir lu le verset suivant n’aurait-elle pas le cœur chamboulé par cette divine puissance ?  « Ô toi, l’Homme ! Comment donc as-tu été trompé au sujet de ton noble Seigneur qui t’a créé puis modelé et constitué harmonieusement. » (82:6-7)

Dans le Noble Coran, Dieu explique et décrit les merveilles de la création et incite l’esprit à réfléchir. C’est ainsi que le livre divin peut nous aider à atteindre nos objectifs, au lieu de devenir un obstacle majeur pour la communauté musulmane en la rendant rigide. L’exemple que nous souhaitons reproduire ci-dessous a déjà été maintes fois cité.

Le Noble Coran a été révélé au saint-Prophète et grâce à ce livre divin il fut capable de sauver une communauté, c’est-à-dire les Arabes, qui était sur le point de tomber dans l’oubli à jamais. Il fut en mesure de sauver un peuple barbare de sa propre destruction pour la guider vers une position de noblesse humaine. À l’inverse, de nombreux prêcheurs musulmans lisent le Noble Coran à travers une grille de lecture étroite et condamnent la majorité de la ummā à l’Enfer. Est-ce que le problème se trouve dans le Noble Coran ou bien le problème se situe dans l’attitude du prêcheur ? Le même livre divin qui a servi à libérer une communauté est aujourd’hui utilisé pour condamner des communautés humaines. Nous pourrons découvrir les belles vérités contenues dans le message coranique, mais à condition de pouvoir critiquer et évaluer sans crainte les présupposés sur le Noble Coran que nous entretenons dans nos esprits. Cette démarche nous permettra de nous diriger vers le bon chemin et contribuera à notre évolution intérieure.

Le saint-Prophète et les ahlu-l-bayt étaient des personnes qui avaient cette inclination divine naturelle en eux à travers le Noble Coran. Le jour de ʿashūrā, Ḥusayn b. ʿAlī hisse le livre divin dans sa main et dit à ses ennemis : « Ô gens ! Je vous appelle à un arbitrage par ce Qur’ān. Ô gens ! Depuis que j’ai appris la différence entre le bien et le mal, je n’ai jamais proféré de mensonges. » Il a utilisé le Noble Coran d’une manière cruciale, car le livre divin est venu soutenir la personne spirituelle qu’il était et a permis de mettre en évidence sa substance prophétique.

7. La pragmatique du texte coranique

Avant de continuer notre argumentation, essayons de rappeler les éléments essentiels vus jusqu’à présent.

Nous avons affirmé que le Noble Coran dans son essence contenait des vérités éternelles, spirituelles et morales, et qu’il nous incitait à réfléchir et à comprendre. Il parle des valeurs morales humaines saillantes et inviolables, ainsi que de la relation spirituelle à entretenir avec Dieu. Toutefois, le Noble Coran devait mettre à la portée des gens ces enseignements moraux et spirituels en fonction de ce qui serait le plus adapté au contexte de révélation, c’est-à-dire l’époque et la zone géographique.

Le contexte de révélation, l’époque du saint-Prophète, les normes socio-culturelles, la langue ainsi que le socle commun des connaissances constituaient des facteurs majeurs pour déterminer la forme que devait prendre les enseignements divins. De ce fait, quand nous lisons le Noble Coran, nous devons avoir à l’esprit qu’il a été révélé il y a mille quatre cents ans et cela implique que nous devons évaluer son contenu en fonction de son contexte de révélation. En d’autres termes, le caractère éternel du Noble Coran est renfermé dans sa spiritualité et dans ses enseignements moraux qui ont été façonnés en fonction de la nature de la société prophétique.

Pour être plus clair dans nos propos, nous souhaitons attirer l’attention sur le fait que le Noble Coran décrit des situations qui concernent directement la vie du saint-Prophète. Il fait mention de ses défis, de son état psychologique et de ce qui lui arrivait dans sa vie – en somme, le Noble Coran tourne autour du saint-Prophète. Par exemple, le Noble Coran mentionne ses femmes, sa famille, les batailles qu’il a menées, etc. Dans ce contexte bien spécifique, le Noble Coran rend manifeste les vérités éternelles qui transcendent ces situations et événements, et qui en quelque sorte les régulent.

Le Noble Coran, ainsi que toutes les autres révélations ont une nature très pragmatique. Cette notion de ‘pragmatique’ signifie que le livre divin devait être une source immédiate de guidance pour la communauté à laquelle il était destiné. Il n’était pas possible de transmettre les vérités éternelles sans les formuler dans un langage compréhensible, c’est-à-dire sans leur donner une structure prenant la forme de lois sociales et individuelles adaptées. La raison qui explique la nécessité de cette formulation est que, d’une manière générale, les gens ne sont pas capables d’appliquer ces vérités éternelles directement dans leurs contextes particuliers ou dans leur vie de tous les jours. Dieu, dans son immense grâce, a réalisé cette tâche pour la communauté de croyants.

Prenons l’exemple du témoignage : dans le Noble Coran il est suggéré de présenter un homme et deux femmes en tant que témoins s’il est impossible de trouver deux témoins mâles. La raison pour laquelle il fut nécessaire de présenter deux femmes est que si l’une des deux oubliait quelque chose, la seconde pouvait la rappeler. Ici, cette loi a été formulée en fonction des limites du contexte immédiat de la révélation, c’est-à-dire que la femme arabe n’était pas fiable dans la mémorisation d’informations chaque fois qu’il était nécessaire de le faire. Mais en même temps, cette loi renvoie à une vérité éternelle qui est celle de l’importance d’un témoignage fiable. Aujourd’hui en Occident, le même principe est utilisé pour les personnes atteintes de troubles de discernement, en effet elles doivent être accompagnées pendant leurs témoignages, au cas où elles oubliaient.

Chaque fois que nous lisons le Noble Coran, nous devons tenir compte du contexte de révélation. Cette attitude nous permettra d’être tout le temps conscient que le caractère éternel du Noble Coran n’est pas limité à ses formulations d’autrefois. Cette distinction entre le caractère éternel et contextuel du Noble Coran nous amène à la question suivante : si les formulations de l’essence coranique sont sujettes à des changements en fonction du contexte, alors que reste-t-il de l’identité musulmane ?

8. La nécessité de repenser l’identité musulmane

8.1. La différence entre ʿibādāt et muʿāmalāt

Nous avons pris l’habitude de penser notre identité musulmane en termes de la ‘forme’, c’est-à-dire les lois islamiques et l’Islām auquel nous adhérons. Mais si nous devions tenir compte de la distinction précédente entre ce qui est éternel et ce qui est contextuel, alors nous serions d’accord sur la nécessité de ré-évaluer les lois coraniques.

Comment pourrait-on distinguer un musulman d’un non-musulman dans ce cas, surtout si nous considérons que les lois islamiques peuvent être réinterprétées en fonction du contexte d’aujourd’hui. Il ne resterait plus aucun musulman sur la surface de la terre, car toutes ces lois sont dépendantes d’un contexte donné et peuvent être reformulées dans notre cadre contemporain. En d’autres termes, qu’est-ce qui fait d’une personne, un musulman ?

Il y a une distinction à faire entre les pratiques dévotionnelles (ʿibādāt) et les transaction-interactions sociales (muʿāmalāt). Les pratiques dévotionnelles ont été introduites par le saint-Prophète comme éléments nouveaux, tandis que les règles de transactions-interactions ont simplement été modifiées en accord avec les principes de justice et de spiritualité. En ayant à l’esprit cette distinction de base entre les catégories de lois, il devient clair que l’identité musulmane découle en priorité des pratiques dévotionnelles comme l’expose le Noble Coran, c’est-à-dire le ḥajj, les prières, le jeûnes, etc.

Il n’y a aucun doute que les conventions linguistiques musulmanes qui se manifestent dans des expressions telles que ‘inchāʾallāh, māchāʾallāh, salāmun ʿalaykum, astaghfiru-l-lāh, etc. contribuent aussi à cette identité musulmane. Cette identité n’est musulmane qu’en vertu des dévotions islamiques et d’un langage théocentrique adoptée par les Musulmans. Elle n’est pas liée à la législation qui régit les interactions-transactions sociales, car celle-ci n’a rien à voir avec l’identité musulmane.

L’analyse sophistiquée des textes pour établir la vérité sur des questions liées aux droits de la femme, les droits des enfants ou des esclaves, etc. n’est pas directement lié à l’Islām, car l’identité musulmane ou islamique est limitée aux pratiques dévotionnelles, en effet tant qu’elles sont perpétuées, l’identité musulmane de la ummā demeure inchangée. Cependant, l’esprit de cette identité doit être suffisamment large pour éviter toute position exclusiviste, à l’exemple du saint-Prophète qui à travers le Noble Coran a incité les Gens du Livre, malgré leurs propres cérémonies dévotionnelles et traditions, à s’unir aux Musulmans autour du principe d’unicité divine (3:64).

8.2. Quid de l’identité chi’ite ?

Pour aller plus loin, existe-t-il une identité chi’ite ? En réformant l’Islām d’une manière aussi poussée, ne risque-t-on pas de perdre le caractère chi’ite de notre identité ? L’identité chi’ite tire sa source de la reconnaissance de la wilāyā (autorité) du saint-Prophète et des ahlu-l-bayt, mais aussi dans le fait de reconnaître dans les a’immā (sing. imām chi’ite) des guides nobles dotés de la nature prophétique, ce qui signifie également d’admettre leur profonde spiritualité et leur caractère saint, mais surtout qu’ils étaient tous théocentriques. C’est cette reconnaissance qui fait d’une personne, un chi’ite.

L’identité chi’ite n’est pas déterminée par les muʿāmalāt, ni par le fait d’avoir les bras placés le long du corps ou bien repliés sur la poitrine, elle est plutôt liée à un profond sens du divin et de la spiritualité qui survient en imitant la théocentricité du saint-Prophète et des ahlu-l-bayt. Toutefois, n’oublions pas qu’un musulman hérite son identité de ce que nous appelons les ʿibādāt (pratiques dévotionnelles) en Islām.

Chaque fois que nous lisons le Noble Coran, nous devons avoir à l’esprit toutes ces subtilités formelles. Les vérités éternelles ont été formulées dans le contexte immédiat du saint-Prophète qui se retrouva lui-même dans une situation de contraintes circonstancielles, lesquelles ne font en rien partie des aspects éternels de l’Islām. Seules les valeurs morales et spirituelles qui en transparaissent sont éternelles ou essentielles, tout autre chose est soumise à une évolution et à un changement.

9. Deux époques différentes : celle du saint-Prophète et la-nôtre

Posons-nous la question suivante : le monde d’aujourd’hui n’a-t-il pas évolué ?

D’après la tradition littéraire qui décrit l’époque de l’Imām Māhdī, nous vivrons dans un monde futuriste où les gens se déplaceront instantanément par la pensée. Une personne pourra voyager d’un endroit à un autre de la planète en un clin d’œil. Supposons que nous nous retrouvions en Australie en l’espace de quelques millisecondes, serions-nous toujours considérés comme un ‘voyageur’ au regard de la législation islamique (fiqh) pour pouvoir écourter nos prières et être exemptés du jeûne, c’est-à-dire ce qui se fait d’habitude ? Bien sûr que non !

En parlant de ‘voyage’ le saint-Prophète faisait référence à ce que cela implique vraiment : les difficultés et la fatigue. C’est en tenant compte de ces contraintes que Dieu a ordonné, par charité, de raccourcir les prières ou de rendre le jeûne nul. En voyageant par la pensée ou instantanément, pourrions-nous ressentir une quelconque fatigue ? Sûrement pas.

Un autre exemple est celui des moyens de transactions modernes que nous avons à notre époque, mais aussi ce que nous appelons le marché boursier, qui n’ont aucun précédent en Islām. Nous n’avons pas besoin de retourner au début de l’avènement de l‘Islām pour pouvoir en donner un quelconque sens à tout cela avec comme référence le contexte du saint-Prophète, ce dernier ignorait les modalités de l’économie contemporaine : en soi, c’est un territoire nouveau !

Cependant, le principe d’équité que le saint-Prophète assigna aux normes de la transaction est l’un des facteurs essentiels pour déterminer ce qui est socialement acceptable et ce qui est inacceptable. De tels principes nous orientent dans nos décisions pour convenir des actions à mener, par exemple si nous souhaitons identifier le caractère équitable d’un contrat. Dans le cas contraire, nous aurons à notre portée des principes qui nous permettrons d’apporter les modifications nécessaires afin de combler ce manque. Les choses évoluent et changent au fil du temps, l’innovation technologique continuera à avoir un impact dans nos vies et influencera notre mode de vie, nos perspectives, notre sensibilité aux droits des êtres humains, etc. Chaque facette de notre vie sera affectée d’une manière ou d’une autre, car rien ne reste inchangé, mis à part les ʿibādāt dans leur ensemble, à l’exception de quelques fluctuations autorisées, et les muʿāmalāt ne peuvent définitivement pas se maintenir telles quelles.

10. Comprendre la relativité contextuelle

Discutons à présent de la notion de ‘relativité’ et essayons de comprendre cette notion en adoptant la perspective coranique. Dans le monde où nous vivons, chaque communauté humaine progresse par pallier successif et ce qu’une communauté pourrait considérer comme juste ne le serait pas nécessairement pour une autre : c’est ce que nous appelons la relativité.

Il se pourrait que les adolescentes dans une zone géographique particulière de ce monde puissent atteindre la maturité physique à un âge qui ne correspondrait pas nécessairement à des adolescentes d’une autre zone géographique. De même, au sein d’une même région, les adolescentes peuvent avoir atteint la maturité physique sans avoir atteint la maturité mentale ou psychologique.

Quelle serait l’implication majeure d’une telle situation ? La responsabilité des personnes qui atteignent la maturité plus rapidement serait plus grande que celles qui ne l’atteignent pas au même rythme. Cela signifie que les responsabilités (‘devoirs’) et les droits sont dépendants de notre condition existentielle et que chaque fois qu’une personne devient responsable, elle bénéficie aussi de droits. En somme, la responsabilité et les droits forment une paire indissociable.

Nous pouvons observer que chaque région atteint un stade de développement propre, ce qui explique les différences de systèmes sous diverses modalités. Dans certaines régions, les filles atteignent la maturité à l’âge de treize ans, alors que dans d’autres régions, l’âge peut être seize ou dix-sept ans. Parallèlement, les droits et les responsabilités afférents à différentes personnes prennent de l’importance en fonction du niveau de maturité atteint par chacune d’elles, au sein d’une même région. Par exemple, les droits et les responsabilités sont contingents à l’acquisition d’un certain niveau dans les aptitudes mentales et ne seront appliqués que si une personne aura atteint une maturité psychologique spécifique, malgré avoir déjà atteint une maturité physique satisfaisante. Dans de tels cas, la sharīʿā répondra à ces situations de différentes manières d’un espace géographique à un autre, graduellement, au sein d’une même région.

En ayant conscience de l’existence de cette relativité au sein de la population humaine, nous ne pouvons pas pour autant nier l’existence de normes universelles aux côtés de celle-ci. Il y a des normes universelles qui ne doivent pas être sacrifiées ni appliquée par pallier, tant que cela est possible. Néanmoins, puisqu’il existe toujours des contextes d’application spécifiques, ces normes universelles tendent parfois à devenir relatives elles-aussi. Par exemple, de nombreux pays développés accorde une importance capitale à l’auto-détermination de leurs citoyens, pourtant nous remarquons que l’âge du droit de vote a été fixé à dix-huit ans au Royaume-Uni, tandis que dans d’autres régions du monde il peut varier. Ce simple exemple, montre qu’à différentes tranches de notre existence correspondent différents degrés de compétence et donc, que les droits et les devoirs sont exercés et assurés relativement à l’âge.

Ces mêmes droits et devoirs sont adoptés par une région pour toute la population, car tous les individus partagent le même style de vie et par conséquent, semblent atteindre le même niveau de maturité physique, intellectuelle et psychologique, au même moment grosso modo. Bien que certaines personnes de la population anglaise puissent être plus compétentes que d’autres pour voter à un plus jeune âge, l’âge légal de vote a été établi à dix-huit ans en considérant la compétence de la majorité.

Ce que cela signifie c’est que la relativité existe naturellement d’une région à une autre, ainsi la législation prendra différentes formes par-rapport à cette réalité. Enfin, nous devons comprendre que la valeur éternelle dans toutes ces situations conjecturelles est celle du progrès, qu’il soit terrestre ou céleste, c’est-à-dire devenir vertueux et théocentrique. L’application des valeurs éternelles variera d’une zone géographique à une autre, d’une époque à une autre.

Il devient évident, après ce long développement qu’une seule norme spécifique dérivée des textes sacrés ne peut s’appliquer à tous les cas ni à toutes les époques, car les capacités humaines existent et s’affirment relativement à une variété de contextes.


[1] Dans le texte original en anglais, il est fait mention de la sourate al-anʿām (6 – LES BESTIAUX). Mais après une vérification rapide et en comparant avec ce qui suit dans le texte, nous avons constaté que la référence est faite à la sourate al-isrā’ (17 – LE VOYAGE NOCTURNE).

[2] « Commençons par étudier ce verset de la sourate al-mā’idā (5 – LA TABLE SERVIE) qui a été révélé à Ghadīr Khum et qui dit : ‘Aujourd’hui, J’ai rendu votre religion parfaite.’ (5:3). Il est fréquent de considérer ce verset comme annonçant que toutes les réponses relatives au contexte humain, au contexte social ou au contexte de la communauté, ont été couvertes par la religion appelée Islām. Rien n’a été laissé sans réponse et toute réponse a été donnée par l’Islām, il suffit pour cela d’aller la chercher – en somme, il n’est pas nécessaire de trouver des solutions aux problèmes de la vie quotidienne ailleurs que dans les révélations divines ou dans les hadīçes. Pourtant, ce verset a été révélé en l’an 10 de l’hégire et l’hypothèse aurait été qu’à ce moment chaque loi de la religion avait déjà été révélée par Dieu, autrement quel aurait été l’intérêt de dire que la religion a été rendue parfaite ou complète. Néanmoins, les traditions et les écrits historiques nous donnent à voir une situation bien différente. En effet, même après la révélation de ce verset des lois ont été révélées au saint-Prophète. » –  Islam et Théocentricité, Tome 1. Bases théologiques pour la libération de l’Homme, p.206-207.

[3] Dans un précédent chapitre du livre Islam et Théocentricité, Tome 2.

[4] https://www.telegraph.co.uk/news/uknews/law-and-order/4991313/Lutons-Muslim-extremists-defy-public-anger.html

[5] Ici, nous avons reproduit le récit plus complet cité dans le Tome 1 de « Islam et Théocentricité » et nous l’avons complété par les commentaires que l’auteur a faits sur cet épisode de sa vie dans le Tome 2 de « Islam et Théocentricité ».


Biographie de l’auteur

Shaykh Arif Abdul Hussain est un intellectuel musulman et fondateur de l’Institut al-Mahdi (1993) à Birmingham (UK) où il occupe le poste de maître de conférences. Après avoir complété sa formation initiale en études islamiques au Madrassa imam al-Khoei à Londres, il poursuivit des études à un niveau plus avancé dans les séminaires religieux en Iran où il assista aux cours d’éminents savants de Qom et Najaf. Après son retour au Royaume-Uni vers le milieu des années 90, il continua ses études en droit théorique musulman et en philosophie auprès de son éminence l’Ayatollah Ḥusayn al-Amīnī. Il a un certificat d’Ijtihad attribué par l’Ayatollah Sayed Muhaqqiq Damad.

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